Poitiers : Iman Haggag, traductrice au grand coeur
- Admin
- 30 juil. 2020
- 3 min de lecture
https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/poitiers-iman-haggag-traductrice-au-grand-coeur
L’antenne poitevine Pour une planète sans frontières vient de voir le jour. Iman Haggag, traductrice, en est la responsable. Rencontre.
Pendant l’entretien, son téléphone sonne. Iman Haggag va s’absenter un petit moment, tout en s’excusant. Mais ce sont les contraintes de son métier. Disponible sept jours sur sept et 24 heures sur 24. La traductrice est aussi « collaboratrice au service public ». Cette fois, c’est le commissariat qui l’appelait… À 45 ans, la maman de deux enfants, originaire d’Alexandrie en Égypte, est traductrice assermentée à Poitiers. Tantôt pour la préfecture, la gendarmerie, la police, la cour d’appel de Poitiers… « Je traduis à l’oral et à l’écrit, des documents d’état civil, des procès-verbaux, des lettres, etc. » Elle sourit : « Sur le plan humain, c’est très enrichissant. » 22 pays utilisent la langue arabe. En plus de ce travail chronophage, elle vient de prendre la responsabilité de l’antenne poitevine de Pour une planète sans frontières. Une association créée en 2009 (lire ci-dessous) pour défendre les droits des personnes étrangères, en proposant des services gratuits d’assistance linguistique et juridique. Iman Haggag intervient pour la langue arabe. « 22 pays utilisent la langue arabe. Je maîtrise tous les dialectes qui sont utilisés à l’oral, sauf l’arabe du Maroc que je comprends mais je ne parle pas. » Iman est bénévole de l’association depuis 2017. « J’interviens auprès de réfugiés et demandeurs d’asile venant du Soudan, de la Syrie, de la Libye, du Yémen, de l’Irak… » Il y a quelque temps, « une assistante sociale en présence de l’avocat d’une famille irakienne a fait appel à l’association pour préparer une audience à la CNDA. J’ai traduit par téléphone. » Demain, c’est un Soudanais qu’elle va aider pour une demande d’asile. Les outils numériques sont devenus fondamentauxCelle qui est arrivée à Poitiers en 2012 pour s’y installer définitivement confie « aimer se sentir utile » par cet engagement associatif. « Quand la famille irakienne a fini par obtenir son statut de réfugié, ça m’a fait plaisir. On les a connus vulnérables et leur situation devient positive, c’est agréable… » À son arrivée en France, invitée par la commission européenne à suivre un cursus entre Madrid, Lisbonne et Poitiers, elle se souvient de l’aide reçue dans les démarches administratives et pour louer un logement. « Ce n’est jamais évident de découvrir un autre mode de vie, de nouvelles règles sociales, et pourtant je parlais français depuis mon enfance. Mon père, avocat, m’avait inscrite dans une école bilingue. » Iman Haggag veut désormais aller encore plus loin, et aider les autres toujours plus. « Dès que la situation sanitaire le permettra, nous allons mettre en place des ateliers autour du numérique pour aider les personnes dans leurs démarches pour s’inscrire, par exemple, sur les sites de la Caf, de l’assurance-maladie ou de Pole emploi. S’approprier les outils numériques, c’est devenu fondamental. » « Expliquer aux femmes ce que la loi permet »Parallèlement, elle compte « lancer un projet à destination des femmes étrangères, victimes de violences conjugales » en leur mettant à disposition des documents d’information traduits en plusieurs langues. Elle explique : « Les droits des femmes, mais aussi des hommes et des enfants, ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. Nous voulons expliquer aux femmes, dès qu’elles arrivent en France, ce que permet la loi, ici. Quels sont leurs droits, notamment… » Une application numérique est également dans les tuyaux de l’association. « Ce n’est pas une baguette magique, mais c’est un outil en plus, pour des demandes urgentes, cela peut être capital. » Toutes les bonnes âmes sont d’ailleurs les bienvenues. Pour que l’antenne poitevine se développe, Iman Haggag est à la recherche de bénévoles, traducteurs, juristes et interprètes. Pour une planète sans frontières… linguistiques ! > Pour en savoir plus : www.pouruneplanetesansfrontieres.eu
Commentaires