PORTRAIT. À Quimper, Eva traduit la justice en cinq langues.

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Gardes à vue, prison, perquisitions, tribunal… Expert judiciaire pour la Cour d’appel de Rennes, Eva Couppé-Deák traduit et interprète en hongrois, roumain, moldave, anglais et français.

Eva Couppé-Deák est traductrice et interprète en cinq langues : hongrois, roumain, moldave, anglais et français. Installée chez elle à Pluguffan (Finistère) elle s’est spécialisée dans la justice. À Quimper, et partout en France, elle travaille en garde à vue, perquisitions, reconstitutions de crimes, audiences au tribunal, dans le bureau du procureur, à la demande d’un juge d’instruction…

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« Maman est toujours en prison ? »

Mais aussi en prison. D’ailleurs, quand sa fille a été surprise de voir un jour son papa à la sortie de la maternelle, elle lui a lancé : « Maman est toujours en prison, elle ne pouvait pas venir me chercher ? » Le papa a dû clarifier la situation auprès des personnes présentes.

À 51 ans, Eva est bilingue hongrois-roumain. Elle joue avec les mots depuis l’enfance : « Je jouais dans la rue avec des Roumains. Je suis une Hongroise de Roumanie : je suis née et j’ai grandi à Brasov, une ville de Transylvanie. Hongroise jusqu’en 1920 et roumaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Mes parents ont déménagé plusieurs fois de quelques kilomètres pour continuer à vivre en Hongrie. Aujourd’hui, ils habitent en Roumanie ! » C’est à y perdre son latin.

Un bac + 5 en géographie et tourisme, et elle devient prof, guide touristique, conférencière et traductrice pendant quinze ans en Roumanie. En 2002, elle rejoint son mari à Quimper où elle enseigne deux ans. Après un diplôme en langues étrangères appliquées au commerce international à Brest, elle travaille dans les meubles de luxe. « Un jour, un ami venu de Roumanie perd ses papiers. Je traduis à la brigade de Fouesnant. Les gendarmes m’ont dit que j’avais de l’or dans les mains et m’ont parlé de l’assermentation. »

Chuchoter, c’est son métier

Elle s’installe en libéral. Encouragée « par la police de Quimper » , la traductrice prête serment en janvier 2006 et fournit des traductions certifiées. « Au début, je n’aimais pas le français. Sous le communisme de Ceausescu, on n’avait qu’une chaîne de télé, deux heures par jour : on n’en pouvait plus de Joe Dassin, Mireille Mathieu et Louis de Funès ! »

Depuis, elle est devenue spécialiste en « chuchotage », la traduction simultanée. La reconnaissance du temps gagné scintille dans les yeux de certains magistrats. En 2017, elle a livré 295 traductions certifiées judiciaires et extrajudiciaires : « 558 pages de 250 mots. »

Membre de la société française des traducteurs (SFT) et de l’Union nationale des experts traducteurs interprètes près les cours d’Apel (Unetica), elle intervient pour celles de Paris, Lille, Bordeaux…

Le juridique est son activité principale, mais elle travaille aussi pour les particuliers et les entreprises : ouvriers détachés, dossiers scolaires, médicaux, d’adoption, diplômes, demandes de naturalisation, état civil, extraits de casier judiciaire, assurances, contrats, statuts, Kbis…

Un métier « varié » à l’organisation « compliquée » car Eva est « toujours joignable » . Son ado de 14 ans peut être fière : malgré tout ce temps passé « en prison », sa maman lui a transmis sa langue maternelle, le hongrois. Une belle façon de s’ouvrir l’esprit. Et de s’évader