PORTRAIT. «Angers, une ville attachante pour ceux qui la comprennent »
- AV.
- 21 août 2018
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https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/angers-49000/georges-elias-angers-est-une-ventouse-5930682
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Ils viennent de l’étranger et habitent Angers. Cet été, nous leur demandons ce qui, ici, leur manque. Et, à l’inverse, un aspect de la vie en France qu’ils exporteraient bien. Né d’un père arménien et d’une mère chaldéenne, le restaurateur Georges Elias trouve sa ville attachante et sûre.
Sa vie, marquée par un va-et-vient entre le Moyen-Orient et la France, a contraint Georges Elias à troquer les traductions contre un tablier. À 65 ans, l’enfant de la diaspora arménienne préfère occulter certains moments difficiles de son parcours.
Pour s’épancher sur la France, où il a rebondi et établi avec son épouse Le Santorin, un restaurant spécialisé dans la cuisine grecque, d’abord à Saumur, puis rue du Mail, à Angers, en 2011.
Profil
1953 : naissance de Georges Elias.
Novembre 1991 : arrivée en France avec sa femme et ses trois enfants.
2011 : implantation du restaurant Le Santorin, rue du Mail, à Angers.
La France, Georges Elias l’a découverte au Moyen-Orient, son lieu de naissance, en lisant un journal. Le Monde , plus précisément. « Je ne parlais même pas encore français » , se souvient ce fils d’un père arménien et d’une mère chaldéenne, du nom des habitants de la Chaldée, une région historique située dans l’ancienne Mésopotamie.
Pourtant, cette lecture lui a suffi pour quitter la diaspora paternelle, qui avait fui le génocide arménien au début du XXe siècle.
Il se rappelle : « Mon cousin avait un ami à Lyon qui m’a encouragé à venir en France. »Ce sera chose faite en 1976. À 23 ans, Georges commence à étudier les langues et la littérature française sur les bords du Rhône. Il y restera trois ans. Avec un diplôme à la clef. Mais des raisons familiales le pousseront à retourner dans son pays natal.
« J’ai principalement travaillé comme interprète»
Avant de revenir dans l’Hexagone, avec sa compagne grecque et leurs trois enfants, en novembre 1991, à cause des conflits et en pleine guerre du Golfe. Après de brefs passages à Nantes, dans les Deux-Sèvres et à Angers, il finit par ouvrir son restaurant de spécialités grecques, Le Santorin, rue du Portail-Louis à Saumur, en 1995.
« Auparavant, j’avais principalement travaillé comme interprète. Mais un ami grec m’a dit : « Laisse tomber tes livres, je vais t’apprendre un vrai métier. » Donc, je me suis formé à la cuisine grecque » , raconte le sexagénaire, qui a aussi des ancêtres hellènes.
En 2007, dix ans après avoir obtenu la nationalité française, Georges souhaite retourner à Angers pour y établir Le Santorin. « À Saumur, le tribunal allait fermer (la fermeture a finalement eu lieu en 2010 avant une réouverture en 2014) , l’activité diminuait… Mais à Angers, nous avons finalement trouvé les travaux trop contraignants. » Le couple pose alors ses valises au Mans.
C’est finalement en 2011, peu après l’inauguration du tramway, que Le Santorin accueillera ses premiers clients dans ses locaux angevins. Depuis, Georges et son épouse y travaillent toujours, avec un de leurs fils et une autre proche. Non sans une certaine mélancolie, en ce qui concerne le cogérant : « Chaque jour, je regrette de ne pas avoir pu poursuivre ma carrière d’interprète. »
« À Angers, nous vivons en sécurité »
Parce que les aléas de sa vie l’ont toujours ramené à Angers, George parle de sa ville comme d’une « ventouse » . Il précise sa pensée : « C’est une ville attachante pour ceux qui la comprennent. Une fois qu’on a appris à l’aimer, on ne l’oublie pas. »
Surtout, celui qui a vécu dans des zones de conflit savoure la quiétude de son pays « où la sécurité et la paix sont quasi totales » . « Les Français peuvent l’oublier parfois, mais c’est tellement important » , ajoute-t-il.
« C’est moins ensoleillé ici »
Quand il s’agit d’aborder ce qui lui manque en France par rapport à ses années passées à l’étranger, Georges est moins bavard. « Si, peut-être le soleil, il n’y en a pas beaucoup l’hiver ici. »
Jonathan GRELIER
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