RELATIONS SOMMET TRUMP-KIM: LES INTERPRÈTES À L'ÉPREUVE DU FEU
- Admin
- 13 juin 2018
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Personnages de l’ombre de la rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump, les traducteurs ont pourtant eu un rôle capital. Un mot de travers et tout pouvait déraper.
«Gâteux mentalement dérangé», «petit homme fusée». Il y a moins d’un an, les deux hommes se défiaient par déclarations interposées. Mardi, Donald Trump et Kim Jong-un se sont rencontrés à Singapour pour une poignée de main historique.
Au cœur de cette rencontre à haute tension, un corps de métier était particulièrement sous pression: les interprètes. «Il y a des nuances très fines entre les mots et entre les niveaux de formalités en coréen. Je ne voudrais pas être à la place des traducteurs. Ils vont devoir prendre des décisions en l’espace d’une seconde», expliquait au magazine britannique «Times» Jenna Gibson, directrice de la communication pour l’institut américain d’économie coréenne.
La traductrice Ha Yeon Kim pointe, quant à elle, le langage «très non présidentiel» de Donald Trump. «Je ne traduirais pas directement ce qu’il dit parce que ce serait beaucoup trop agressif. Je le retravaillerais un peu pour que le message soit délivré mais d’une manière plus formelle.» Directeur du département d’interprétation de l’Université de Genève, Kilian Seeber confirme la difficulté de traduire les propos du président américain. «Il a un langage talk-show basé sur des slogans et des jeux de mots. C’est un véritable défi de transposer ce qu’il dit. Surtout qu’avec lui il est très compliqué d’anticiper. Un jour, il affirme gauche, le lendemain droite.»
De manière générale, celui qui a participé à de nombreux sommets internationaux par le passé pointe les risques inhérents à son métier. «Aussi expérimenté que l’on soit, chaque fois qu’on enclenche le micro, on a le trac. Souvent, on doit faire des choix sans savoir où est-ce que la personne veut en venir», détaille Kilian Seeber. Car le travail de l’interprète ne se limite pas à de la traduction pure. «Il doit également adapter le message à la culture de celui qui le reçoit», précise le spécialiste. Et une erreur sur un mot capital peut avoir des répercussions importantes. «Certaines fois, cela peut causer un incident politique.»
Président de l’association internationale des interprètes de conférence à Genève, Uros Petrec confirme qu’un mot de travers peut tout faire déraper. «C’est rare, mais il est déjà arrivé que des délégations se lèvent et partent à cause d’une incompréhension», affirme-t-il. Celui qui a participé à la première réunion entre Vladimir Poutine et George W. Bush décrit également la tension liée aux sommets internationaux. «On est absolument sous stress, c’est une concentration à 120% pour faire attention à chaque mot de la personne au nom de laquelle on parle.» (Le Matin)
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