Chantier, resto, fac... Le tribunal tente tout pour trouver un interprète
- AV.
- 25 mai 2018
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Ce vendredi, à Caen (Calvados), le procès d’une proxénète, d’origine brésilienne, a failli être renvoyé, faute de traducteur. Après maintes tentatives, des ouvriers du chantier du tram à un professeur de capoeira, c’est une employée de la fac, parlant portugais, qui s’est dévouée, au pied levé.
Ce vendredi, à Caen (Calvados), le procès d’une proxénète, d’origine brésilienne, a failli être renvoyé, faute de traducteur. Après maintes tentatives, des ouvriers du chantier du tram à un professeur de capoeira, c’est une employée de la fac, parlant portugais, qui s’est dévouée, au pied levé.
8 h 30, vendredi matin. L’audience de la cour d’appel, à Caen, commence par un branle-bas de combat : il faut d’urgence trouver un interprète en portugais afin de rejuger Liliane Da Silva, 38 ans, pas très à l’aise avec le français. La prévenue, qui a la double nationalité, brésilienne et portugaise, fait appel de sa condamnation.
En janvier dernier, elle a écopé de quatre ans de prison pour proxénétisme aggravé. Sur un compte rendu du procès, rédigé en première instance, il est stipulé que deux interprètes étaient présents. Mais, l’information ne figure pas sur un second document. Est-ce lui qui a fait foi pour l’organisation du procès en appel ? Toujours est-il que ce vendredi matin, aucun interprète à l’horizon.
Embarras de Bertrand Castel, le président du tribunal. Va-t-il renvoyer le procès ? Gênant. Car, si elle n’est pas rejugée immédiatement, la prévenue, qui vient de passer quatre mois en détention, devra être remise en liberté sous contrôle judiciaire. Le risque de fuite à l’étranger est important, compte tenu de ses origines. Mais, c’est la loi : l’absence d’interprète est une violation des droits de la défense.
Chantier du tram, prof de capoeira
A priori, le contretemps, fâcheux, n’est pas insurmontable. Les noms de deux interprètes, en langue portugaise, figurent dans les registres de la cour d’appel, en qualité d’experts assermentés. Problème : aucun d’eux n’est disponible, vendredi matin. Le renvoi du procès semble inéluctable. Mais, non. En pareil cas, « on se débrouille », confie un magistrat.
Tous les moyens sont bons pour dénicher, au pied levé, un interprète, susceptible de restituer, en français et en portugais, l’essentiel des débats. En coulisses, la mobilisation est générale : une quarantaine de coups de téléphone est passée, afin de trouver la perle rare. Les consulats du Portugal à Nantes et à Paris sont sollicités, des restaurants brésiliens de la région sont contactés. Sans résultat.
Un magistrat a l’idée d’appeler un professeur de capoeira, l’art martial afro-brésilien, un autre son ostéopathe. Injoignables. Des policiers se mettent en quête d’un ouvrier lusophone, sur le chantier du tramway à Caen. Une association de ressortissants portugais, un club de foot de l’agglomération sont approchés. « Et Damien Da Silva, c’est bien un joueur du Stade Malherbe ? » plaisante un magistrat. Le défenseur franco-portugais joue effectivement en Ligue 1 avec Caen. Mais il n’a pas dû interrompre ses vacances.
Après trois heures de recherches, une jeune femme, employée à la cafétéria de l’université, a finalement fait l’affaire. Pour environ 80 €, elle s’est brillamment acquittée de sa tâche. La prévenue, elle, a écopé de trois ans de prison, un de moins qu’en première instance.
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