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Rencontre à la cour d’appel de Caen. Ahmed Eid, passeur de mots au service de la justice Expert aupr

  • AV.
  • 1 avr. 2018
  • 3 min de lecture

https://actu.fr/normandie/caen_14118/rencontre-la-cour-dappel-caen-ahmed-eid-passeur-mots-service-la-justice_16138224.html

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Ahmed Eid fait partie des acteurs de l’ombre du monde judiciaire, à Caen (Calvados). Expert traducteur-interprète en langue arabe, cet homme de 57 ans, comme ses homologues, fait le lien entre les justiciables qui ne parlent pas français et les différents maillons de la chaîne judiciaire. Un rôle essentiel pour que la justice soit rendue dans de bonnes conditions et que le mis en cause comprenne ce qui lui arrive. Il explique :

J’essaie d’être absent tout en étant le miroir exact de la conversation.

Disponible 24h/24

La fidélité et l’honnêteté de l’interprète sont des éléments évidents du serment qu’il prête pour pouvoir exercer. Mais il doit également faire passer les messages d’un interlocuteur à l’autre, que les mots seuls ne peuvent traduire. « Il faut suivre la logique de l’enquêteur en traduisant ses questions, reproduire la tonalité, détaille cet Égyptien arrivé à Caen en 1986. Si le prévenu hésite, revient sur un mot, il faut le dire de la même façon. »

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L’interprète intervient à tout moment d’une procédure. Dès l’interpellation d’un suspect. « Il faut lui notifier ses droits dans le délai le plus bref possible ». Même si l’arrestation a lieu à trois heures du matin… Il n’est pas rare qu’Ahmed passe plusieurs heures au téléphone, en plein milieu de la nuit, pour traduire les explications d’un gardé à vue. « Ma femme, Jocelyne, est très compréhensive, sourit l’élégant quinquagénaire. C’est grâce à elle si je peux faire tout ça. »

Maîtriser dialectes et patois de 28 pays

Tout ça, c’est les gardes à vue, les entretiens avec les avocats, l’enquête sociale, l’audience au tribunal, les visites auprès des détenus… Les auditions avec un juge d’instruction, parfois, et les procès d’assises. Mais aussi la traduction de documents écrits nécessaires à la bonne marche de la justice.

Les gens me prennent parfois pour un avocat car, dans beaucoup de pays, il n’y en a pas, à part pour les riches. J’essaie de leur faire comprendre que je suis là dans leur intérêt, que la meilleure manière pour eux de s’en sortir est de dire la vérité.

Près d’une trentaine de pays dans le monde ont l’arabe pour langue officielle. Sans compter les innombrables dialectes ou patois. Ahmed Eid maîtrise les multiples variantes, du Maghreb au Golfe persique en passant par le Sahel ou le Moyen-Orient. Une connaissance qu’il doit en grande partie à son parcours professionnel.

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En Égypte, il travaillait pour le ministère de l’Intérieur comme informaticien. Son épouse, professeur, n’ayant pu trouver de poste au lycée français du Caire, c’est lui qui vient vivre à Caen, près de l’Université. Il y passe un DESS puis trouve un emploi au service informatique de Citroën, à Cormelles-le-Royal. « J’ai aussi travaillé à Groupama et à la Sécu, poursuit l’affable Ahmed. Puis, j’ai rejoint la construction navale, à Cherbourg. » Là, il est est chargé de mission pour l’ambassade du Koweït, qui fait construire des patrouilleurs dans le Cotentin. Il effectuera des missions similaires pour l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, et interviendra au centre d’instruction navale de Brest où les élèves officiers du pays du Golfe viennent apprendre leur métier.

« J’essaie de traduire leurs sentiments »

Au-delà de la langue, c’est la culture des différents pays qui compte aux yeux d’Ahmed. Le contexte géopolitique, les traditions et les croyances de chacun influent forcément sur leur comportement. « Un Soudanais ne réagit pas comme un Erythréen, un Mauritanien comme un Tchadien, illustre l’interprète. J’essaie de traduire leurs sentiments. » Depuis quelques temps, Ahmed est très sollicité pour assister des ressortissants de ces pays, arrêtés en tentant de monter sur le ferry pour rejoindre l’Angleterre. Ceux qu’on appelle les migrants, dont les récits marquent forcément celui qui les traduit. Ahmed, qui intervient aussi dans les procédures d’éloignement., avoue :

C’est impossible de rester insensible devant ces drames humains. Pour eux, l’Europe, c’est le paradis. Mais il ne faut pas être utopique. Souvent, ils disent que, s’ils avaient su ce qui les attendaient, ils ne seraient pas venus.

Lui ne regrette pas d’avoir suivi Jocelyne jusqu’à Caen. La ville n’a pourtant pas grand chose à voir avec Le Caire, la mégalopole égyptienne d’où il est originaire, qui vit 24h/24. « Je suis arrivé au mois d’août à Caen, j’étais tout seul dans les rues, c’était magnifique. C’est devenu ma ville de cœur. » Preuve supplémentaire qu’il en a, du cœur, Ahmed joue parfois les Cupidon en traduisant des cérémonies de mariage !

 
 
 

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